8

SOUS le couvercle en plastique, la nourriture était compartimentée.

Dans la plus grande case, des franges brunes flottaient sur une sauce graisseuse – sans doute du mouton. À côté, une poignée de riz collé. Dans les deux autres fenêtres, une portion de fromage sous plastique et une petite banane noire.

Assis par terre, torse nu, Jacques Reverdi fit, mentalement, le compte des calories en présence. En additionnant ce repas au petit déjeuner et au dîner, il obtenait environ mille six cents calories. Soit environ un manque journalier de mille calories par rapport à son régime ordinaire. Il faudrait trouver le moyen de compenser ce déséquilibre.

Il leva les yeux, plaçant sa main en visière pour se protéger du soleil. À onze heures, la cour était aveuglante de blancheur. Les détenus, en file indienne, attendaient leur repas. Tous en tee-shirt blanc, ils s’abritaient dans l’ombre du mur du réfectoire. Leurs silhouettes s’étiraient sur le sol comme de longs tentacules organiques et noirs. D’autres mangeaient déjà au pied des bâtiments plus lointains, recroquevillés sur leur nourriture.

Les édifices principaux – cantine, parloir, bureaux administratifs – étaient groupés au centre de l’esplanade et paraissaient coulés directement dans l’asphalte. Les détenus circulaient en toute liberté mais, au bout de quelques pas, ils trouvaient toujours un mur fondu dans le sol ou une porte verrouillée. C’était seulement une apparence de liberté qui planait ici – un mirage.

Reverdi leva plus haut les yeux et observa les miradors qui se dressaient aux quatre coins de la cour. Entre ces tours, les murs aveugles étaient surmontés par des rouleaux de fils barbelés, dont les pointes avaient été remplacées par des lames de rasoir.

Il sourit : ce tableau hostile lui plaisait.

Tout valait mieux que de rester à Ipoh.

D’ailleurs, pour un homme arrêté en flagrant délit de meurtre, il ne s’en sortait pas si mal. Attaquant son repas avec les doigts, il fit le compte de ses coups de chance successifs. Il avait d’abord évité de justesse le lynchage, à Papan. Puis, malgré sa transe, il n’avait trahi aucun élément du Secret. Il en était maintenant certain. Sa dernière entrevue avec la psychiatre d’Ipoh, la veille de son transfert, le lui avait confirmé : personne ne savait quoi que ce soit.

Ensuite, il avait réussi à rejoindre Kanara, où il s’était fondu dans la masse. Deux mille détenus, dont les pires criminels du pays : meurtres, viols, trafic de drogue. À quoi s’ajoutait un bloc réservé aux femmes et un autre bâtiment abritant les mineurs. Une véritable ville, composée de blocs blancs ou beiges, qui reflétaient le soleil toute la journée et finissaient par mitrailler les paupières de mouches noires, tant ils éblouissaient.

En arrivant, Reverdi avait craint le pire. Au moment de la fouille, il avait remarqué que les murs du bureau d’admission étaient tapissés de coupures de presse concernant son arrestation. Les matons allaient se faire un plaisir de briser le « fauve » occidental. Il avait beau s’appeler maintenant « 243-554 », il restait une star occidentale. Un meurtrier célèbre qui bafouait, par sa seule renommée, l’autorité carcérale.

Mais il s’était trompé : la tendance était à la tranquillité. On ne l’avait même pas placé dans le quartier de haute sécurité. Par un miracle inexplicable, on le laissait libre de ses mouvements – c’est-à-dire de cuire, durant dix heures, dans cette cour.

Il commençait à croire qu’il possédait ici un ange gardien. Surtout lorsqu’il avait découvert sa cellule. Presque un studio, de cinq mètres de côté. Des murs nus, couleur crème, un sol de ciment où était roulée une natte. Tout ce qu’il aimait : pureté et dénuement. Il y avait même, à droite, un muret tapissé de faïence grise qui délimitait une salle d’eau, avec douche et chiottes. Pas de graffitis dégueulasses, pas de trou béant dans le ciment, couvert par un carton pour contenir les odeurs, pas de traces noirâtres sur le sol, marquant le passage des prisonniers précédents. L’espace était comme neuf.

Et surtout, il était seul. Pas de grappes humaines, pas de compagnons puants, pas de voisinages de branlettes, comme il en avait connu au T-5. Pas même un codétenu, pour partager son palace. Cet isolement n’était pas une mesure de sécurité, il en était sûr, mais un véritable privilège.

Quand le maton lui avait apporté un savon et une serviette de toilette, Reverdi lui avait demandé à qui il devait tout cela. L’autre avait haussé les épaules, en signe d’ignorance.

— C’est le menu européen.

Une voix venait de s’exprimer en français, à ses côtés. Reverdi tourna la tête : un homme de petite taille, flottant dans son teeshirt, s’était matérialisé près de lui.

— Le fromage, ajouta-t-il. C’est le petit « plus » pour les Occidentaux.

Il s’accroupit à l’asiatique, sur ses talons. Jacques ouvrit la bouche pour lui assener un « casse-toi » sans appel mais il se ravisa. Dans la cour, les autres l’observaient. Visages d’écorce brûlée des Tamils, teint safran des Malais, tons de cuivre des Chinois. Depuis des années, il côtoyait ces populations. À l’idée de leur parler, d’affronter encore leur langue, leurs manies, leurs préjugés, la lassitude le submergeait. Un Français : cela le changerait.

Il lui sourit sans répondre. L’homme était minuscule. Reverdi songea à un petit singe gris ; de ceux qui vivent en groupe pour mieux se défendre en forêt. Son visage, tanné comme du cuir, était horrible. Fendu, brisé, enfoncé. On aurait dit qu’il avait été travaillé au rasoir ou au coup-de-poing américain. Cette tête en creux évoquait Chet Baker. Chanteur et trompettiste « cool », d’une beauté langoureuse lorsqu’il était jeune, il s’était peu à peu ratatiné, raviné, jusqu’à offrir une face incurvée, aux orbites profondes, écrasée vers l’intérieur. Le détenu en rajoutait encore dans la difformité : ses lèvres étaient traversées par un bec-de-lièvre, trait oblique qui semblait lui paralyser le côté gauche du visage.

— J’m’appelle Éric, dit-il en tendant la main.

Reverdi la serra en retour :

— Jacques.

— Pas besoin de t’présenter. T’es d’jà la vedette ici.

— Il y a d’autres Français ?

— Avec toi, on est que deux. Y a aussi deux Anglais, un Allemand, une poignée d’Italiens. C’est tout pour l’Europe. On est tous tombés pour trafic. La plupart ont pris perpète. Moi, j’ai été condamné à mort. Pour trente grammes d’héro. Mais ma peine a été commuée en vingt ans de sûreté. Si on est sages, on s’ra tous libérés au bout d’dix à quinze ans. Personne se plaint. Tout vaut mieux qu’la corde.

Éric s’arrêta, regrettant sans doute d’avoir évoqué la pendaison devant Jacques. Il se laissa tomber le cul par terre et se mit à se curer les ongles des pieds.

— On a d’la chance d’être français. L’ambassade nous envoie un toubib tous les mois pour vérifier notre état de santé. Impossible de nous passer à tabac. Les matons se rattrapent sur les Indonésiens ou ceux qu’ont pas d’ambassade en Malaisie. (Il ricana, concentré sur ses orteils.) Z’en prennent plein la gueule !

Reverdi observait, debout sous le préau, un groupe de gardiens, uniformes vert sombre, matraque au poing. Ils avaient l’air plus suspects que les détenus eux-mêmes.

— Parle-moi des matons.

— Jusqu’à l’année dernière, tout roulait. C’était même plutôt peinard. Kanara passe pour une prison modèle, le genre moderne. Mais depuis décembre dernier, le chef de la sécurité a changé. Un mec du nom de Raman a déboulé avec des gars à lui. L’enfer.

Jacques appuya la tête contre le mur :

— J’ai connu toutes sortes d’enfers.

— Raman est un fêlé. Corrompu jusqu’au slip, mais ça, c’est normal. L’originalité, c’est qu’il est musulman pratiquant, à la limite de l’intégrisme, et en même temps pédé. Tout ça fait pas bon ménage dans sa p’tite tête d’enfoiré. Il a parfois des crises de fureur pas possibles. Y s’défoule sur nous. Pourtant, les raclées, c’est pas le pire. Le pire, ça s’rait plutôt les moments de douceur, si tu vois c’que j’veux dire. Pour l’instant, j’y ai toujours échappé et j’préfère pas imaginer ce qui s’passe dans les douches.

Reverdi sourit, en pensant : « Comme quoi la laideur…» Il scrutait toujours les hommes en uniforme, qui l’observaient en retour. Ils lui paraissaient fébriles – d’une nervosité anormale.

— Ils se défoncent, non ?

— Seulement les gars de Raman. Coke, acides, amphètes. Quand ils sont en descente de Yaa-Baa, t’as plutôt intérêt à être hors de portée de gourdin.

Depuis une quinzaine d’années, l’Asie du Sud-Est s’était tournée vers les amphétamines. Parmi elles, le Yaa-Baa faisait figure de fléau. Petite pilule en forme de cœur, parfumée à la fraise ou au chocolat, elle détruisait les circuits neuronaux et provoquait des crises d’une violence inouïe. En Thaïlande, les unes des journaux étaient régulièrement consacrées aux meurtres provoqués par le Yaa-Baa.

— Mais on est plus au Moyen Âge, continua Éric, s’efforçant d’être rassurant. Le directeur de la taule les garde à l’œil. Y a eu des plaintes. Au premier flag, le salopard passera en conseil de discipline, avec son « commando de la bite folle ». En attendant, on compte les jours.

Jacques considérait maintenant les taulards qui se réunissaient avec leur plateau par origine ethnique. Voûtés sur leurs doigts gluants, ils se tenaient accroupis – comme s’ils étaient en train de chier en même temps qu’ils mangeaient.

— Les communautés sont regroupées par blocs ?

— A priori, non. Mais à coups de fric, les prisonniers réussissent à se rapprocher entre eux. C’est la tendance naturelle. Les autorités ferment les yeux. À la moindre merde, tout le monde est séparé à nouveau. (Il éclata de rire.) Un coup de pied dans la fourmilière…

— Et les Blancs ?

— Noyés dans la masse. Les Anglais ont réussi à se trouver une cellule ensemble. Chez les Chinois. Les Italiens aussi, parmi les Indiens.

Reverdi songea à son petit studio avec salle d’eau. Il n’avait pas encore compris dans quelle communauté il se trouvait. À moins qu’il ne soit, tout simplement, dans le carré résidentiel, regroupant les Malais et les riches Han.

— Chaque clan a sa spécialité ?

Je veux. Les Chinois et les Malais continuent de vivre selon leur rythme : les premiers vendent tout, les seconds ne foutent rien. Les Indiens s’occupent des problèmes administratifs : ils jouent aux avocats, rédigent n’importe quelle bafouille pour quelques ringgits. Les Indonésiens sont les esclaves. Tu pourrais t’en payer un par jour, rien qu’avec ta portion de frometon. Avec les Philippins, ça devient plus méchant.

— Le service d’ordre ?

— Des tueurs. Les pires de tous : ils ont rien à perdre.

Reverdi poursuivit son tour de propriétaire, scrutant, au-delà des bâtiments centraux, des grandes remises à toit de tôles. Éric suivit son regard :

— Les ateliers. Pour chaque bloc, t’en as un. Tu connais le principe : on nous occupe les mains pour nous vider la tête. Et on nous paye en boîtes de sardines. Mais ça te concerne pas : les mecs en préventive ont pas le droit de travailler.

Éric déroula son bras noueux :

— Au-delà de ces baraques, t’as un terrain de foot. Puis, plus loin, le long des marécages, des cabanes sur pilotis que certains mecs réussissent à s’contruire, en achetant le matos aux gardiens. Des résidences secondaires, si tu veux…

— Et ceux-là ?

Jacques désignait, à droite, trois édifices trapus, marqués de traces d’humidité.

— Le premier, c’est le guian. Le « manque ». C’est ici qu’on fout ceux qu’ont plus de quoi se payer leur défonce. S’ils gueulent trop, Raman les place dans le deuxième bloc : le mitard.

— Et le troisième ?

— Le troisième, c’est… c’est le…

Éric hésitait mais Jacques avait pigé.

— Le pavillon des condamnés, dit-il enfin. La potence est à l’intérieur. Y paraît que…

De nouveau, il s’arrêta. Il se plongea dans l’inspection de ses croûtes, sous ses pieds. Reverdi déglutit. Le couloir de la mort. Il s’était juré de ne pas y penser et il savait qu’à force de volonté, il y parviendrait. Son nouveau défi : vivre jusqu’à la dernière seconde en ignorant la mort.

Il leva le visage vers le soleil et sentit couler sur sa peau la lumière brûlante. Il sourit. La sensation. La vie. Il dit, en rouvrant les yeux :

— Et les chances d’évasion ?

— Zéro pour cent. On s’évade pas de Kanara.

Il songea à la phrase de bienvenue des gardiens d’Auschwitz : « Ici, il n’y a qu’une seule sortie, la cheminée. » Pour lui, ce serait la corde.

Éric enfonça le clou :

— Les murs font sept mètres de haut. Y a deux ans, des types ont réussi à les escalader en passant par le toit de la cantine. L’un s’est ouvert le ventre sur les barbelés. Un autre s’est retrouvé avec les deux genoux encastrés sous les côtes, en tombant de l’autre côté. Le dernier a été rattrapé dans les marécages, étouffé par la boue. Ils ont des chiens spéciaux ici, qui flairent les odeurs même dans la flotte. Ils les font venir des États-Unis. Des espèces de chiens mutants, adaptés au système carcéral. Mais ils ne sont jamais assez rapides : ils retrouvent que des cadavres.

Soudain, Reverdi repéra une scène bizarre. À une centaine de mètres, à gauche, dans l’angle mort d’un bâtiment, un homme au crâne rasé longeait le mur, ombre brève sur le ciment, jusqu’à rejoindre un autre détenu : un jeune garçon aux longs cheveux noirs, luisants d’huile de coco, que son short et son tee-shirt moulaient jusqu’à la raie des couilles. La créature androgyne prit l’homme par la main et ils disparurent sous une toile grise.

— Les Thaïs, commenta Éric. J’les avais oubliés. Cent ringgits la passe. Ils amassent une vraie fortune, pour se faire opérer. Je peux aussi te trouver des gonzesses. Un des gardiens les fait passer le vendredi, pendant la prière. Si tu veux, tu…

— Non. Pas de femme.

Éric parut remarquer que le torse de Reverdi était entièrement rasé.

— Les Thaïs, souffla-t-il en un rictus, c’est p’t-être ton truc.

— C’est pour la plongée.

— Quoi ?

— Ma peau rasée : c’est pour la plongée. Une meilleure adhérence de la combinaison.

Éric parut soulagé :

— Si tu veux fumer ou te shooter, j’ai des plans pour…

— Pas de drogue non plus.

— Un téléphone portable ?

— Non.

Éric se tut, perplexe. Reverdi lui accorda un os à ronger :

— Quand je voudrai quelque chose, c’est à toi que je m’adresserai.

Éric lui offrit son plus beau sourire : un clavier de piano, avec touches blanches et noires. Il se mit debout, affichant l’air réjoui du démarcheur qui vient de signer un contrat.

À ce moment, une nouvelle voix apostropha Reverdi :

— Jumpa !

Un gardien se tenait debout devant lui. Jacques se leva avec étonnement. Jumpa : il n’aurait pas cru entendre ce mot avant longtemps.

Il signifiait simplement : « visite ».

 

La Ligne noire
titlepage.xhtml
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_015.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_016.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_017.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_018.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_019.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_020.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_021.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_022.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_023.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_024.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_025.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_026.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_027.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_028.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_029.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_030.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_031.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_032.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_033.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_034.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_035.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_036.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_037.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_038.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_039.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_040.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_041.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_042.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_043.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_044.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_045.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_046.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_047.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_048.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_049.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_050.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_051.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_052.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_053.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_054.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_055.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_056.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_057.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_058.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_059.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_060.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_061.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_062.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_063.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_064.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_065.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_066.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_067.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_068.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_069.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_070.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_071.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_072.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_073.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_074.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_075.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_076.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_077.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_078.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_079.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_080.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_081.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_082.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_083.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_084.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_085.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_086.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_087.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_088.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_089.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_090.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_091.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_092.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_093.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_094.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_095.html
Grange,Jean-christophe-La Ligne noire(2004).French.ebook.AlexandriZ_split_096.html